BIOGRAPHIE

Il a des trucs dans la tête depuis des années. Et puis ça sort d’un coup, il veut s’y mettre. Il y a une vérité avec Renaud, c’est toujours lui qui décide ! », sourit Thierry Geoffroy, dit Titi, musicien, ami et voisin du chanteur à L’Isle-sur-la-Sorgue.

Parallèlement à ma carrière d’auteur-compositeur, raconte Renaud, j’ai toujours eu plaisir à interpréter les chansons des autres, à mettre en valeur des titres un peu oubliés. » On s’en rappelle : il y a eu, dès 1980, son fameux concert parisien de Bobino où il avait repris tout un répertoire de chansons réalistes. Et puis « Renaud cante el’ Nord », en 1993. Et encore « Renaud chante Brassens », trois ans plus tard...Là, explique-t-il, je voulais rendre hommage à mes maîtres, ceux qui m’ont donné envie de chanter. Et aux chansons qui ont bercé mon enfance, mon adolescence et un peu plus. Être un passeur qui transmet l’émotion venue d’un autre au plus grand nombre, en apportant un petit peu de soi, sans trahir.

Quand il a pensé cet album, son 18e en studio, la première chanson qui lui est venue, c’est « Le temps des cerises » : « Pour moi, c’est l’une des plus belles du répertoire français », dit-il. Et puis ont défilé devant ses yeux des chansons d’amour, d’amitié, surréalistes, dramatiques aussi... Moustaki, Boby Lapointe, Reggiani, Jean Ferrat, Hugues Aufray, Brassens encore une fois...Des textes, des airs qui lui ont fait du bien, qui l’ont ramené à de doux souvenirs. Sur la plage de Quiberon, en 1969, quand il chantait « Le métèque » avec un pote. À Avignon, en 1972, « dans ma chambre de bonne, quand on écoutait en boucle, avec les copains, « Je suis mort qui dit mieux » d’Higelin sur un électrophone pourri...

Renaud est un grand connaisseur de la chanson française. Dans l’embarras de ses envies, il a pioché une quinzaine de titres. « Il m’a envoyé une liste », se rappelle Thierry Geoffroy qui a vite débarqué chez son pote avec guitare, micro et ordinateur. Sous le doux soleil du sud, les deux complices ont pris leur temps, consacrant plusieurs mois à enregistrer des maquettes.

Là, surprise, pleinement motivé, Renaud a lâché ses quatre paquets de clopes par jour pour tomber à un seul. Si bien que sa voix de gros fumeur, même si elle reste encore rauque et le souffle un peu court, a gagné en tessiture, se révélant meilleure que sur son précédent album. Et puis, il les sentait ces chansons, il les vivait en amoureux des mots, en interprète respectueux et passionné. Sous son inimitable phrasé, elles renaissent, éternelles et différentes.

Avec ce répertoire mélangeant titres connus et pépites délaissées, les deux hommes se sont tournés vers Michel Coeuriot, un génie des arrangements, afin de les habiller, leur apporter de nouvelles couleurs, un tempo plus actuel pour certaines. Coeuriot, arrangeur pour Alain Souchon, Laurent Voulzy, Louis Chédid, Michel Jonasz... n’a pas hésité. Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour Renaud ?

« Pour trouver le climat d’une chanson, deux choses m’inspirent : les textes et l’interprète, de manière à être au plus proche de ce qui lui va », assure Michel Coeuriot. Le voilà à choisir un piano dépouillé, des violons et un petit accordéon pour « Si tu me payes un verre » ; une grosse basse, une guitare électrique et des accents rock pour « Le Métèque » ; une touche Nouvelle-Orleans pour « La folle complainte » ; un côté fanfare pour « Ça va ça vient »… Un orchestre de vingt-cinq cordes, des guitares, un banjo, une mandoline, un piano, un orgue, des synthétiseurs, des percussions... Michel Coeuriot a mis le paquet inventant de magnifiques décors à ces grandes chansons.

Voilà l’histoire de « Métèque », nouvel épisode d’une carrière commencée il y a un demi-siècle dans les rues de Paris. Voilà la suite des aventures d’un éternel revenant, chanteur toujours, chanteur pour l’amour... de la vie.